Collectif
Mot des Co-Présidents
En France, plus de 10 millions de personnes vivent avec une maladie respiratoire chronique. Asthme, broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), cancer du poumon, apnée du sommeil, maladies rares comme la mucoviscidose, l’hypertension artérielle pulmonaire, la fibrose pulmonaire… sans oublier les infections liées aux mycobactéries tuberculeuses et non tuberculeuses, qui constituent également un enjeu croissant de santé publique.
Ces pathologies, pour certaines évitables ou dont les complications pourraient être limitées, continuent pourtant de progresser. Dans un contexte marqué par le vieillissement de la population, une pollution de l’air persistante et des inégalités sociales de santé tenaces, la prévalence des maladies respiratoires ne cesse de croître, malgré des conséquences humaines et économiques majeures.
Face à ce constat, notre mobilisation a débuté en 2021, et l’année 2024 a marqué un tournant essentiel pour la reconnaissance de la santé respiratoire comme priorité de santé publique. Ainsi, des dizaines d’organisations de patients, professionnels de santé et de l’environnement et usagers ont décidé, ensemble de se constituer en association de loi 1901 : l’Association Collectif Droit à Respirer.
L’Association poursuit son implication pour contribuer à améliorer la santé respiratoire en France avec une ambition forte : obtenir la mise en place d’un Plan National Santé Respiratoire structuré, ambitieux et soutenu politiquement à horizon 2030.
La santé respiratoire constitue en effet un enjeu de santé publique de première importance, mais reste insuffisamment intégrée dans les politiques publiques. La prévention demeure insuffisante, les dispositifs de prise en charge sont trop souvent fragmentés, les parcours de soins mal coordonnés, et l’action publique souffre d’un cruel manque de vision stratégique.
Faire de la santé respiratoire une priorité de santé publique
Dans un rapport publié en 2024, la Cour des comptes déplore ce manque de lisibilité et de cohérence globale. Ses conclusions sont sans équivoque : renforcer la prévention, améliorer le repérage précoce et adapter la prise en charge des maladies respiratoires chroniques réduiraient leur fréquence et la gravité des complications, tout en évitant de nombreuses hospitalisations d’urgence coûteuses.
Il s’agit d’un impératif vital pour les patients et d’un levier essentiel d’efficience, crucial pour un système de santé sous tension.
Rappelons que l’Assurance-maladie estime les dépenses de prise en charge des maladies respiratoires chroniques à 3,7 milliards d’euros, montant auquel s’ajoutent 3 milliards de dépenses pour les cancers du poumon, soit un total pour l’ensemble des maladies respiratoires de 6,7 milliards d’euros. Une dépense publique en constante augmentation, dont l’impact réel n’est pas mesuré, faute d’indicateurs spécifiques. Autant de défis qui soulignent l’urgence d’une action concertée.
La prévention au cœur de l’action
Nous partageons la conviction que le Plan National Santé Respiratoire doit s’inscrire dans une trajectoire pluriannuelle 2026-2030, avec des objectifs clairs, des indicateurs épidémiologiques et économiques précis, ainsi que des moyens à la hauteur des enjeux.
Ce plan devra agir à tous les niveaux, en plaçant au cœur de son action la prévention dès le plus jeune âge et en s’attaquant à l’ensemble des facteurs de risque : qu’ils soient comportementaux, environnementaux ou socio-économiques – tels que le tabagisme, les pollens, les moisissures, la pollution intérieure et extérieure, la précarité ou les inégalités d’accès aux soins. Cette prévention devra s’exercer de façon active et concrète, dans les lieux de vie (écoles, travail, établissements de santé), en combinant éducation à la santé, réduction des expositions évitables et repérage précoce des vulnérabilités sociales et médicales.
Le plan devra à ce titre mieux informer la population sur les signaux d’alerte des maladies respiratoires. Près de 38 % des Français ignorent encore les symptômes permettant de suspecter une maladie respiratoire. Plus préoccupant encore, la moitié des personnes présentant des symptômes quotidiens sévères n’a jamais reçu de diagnostic. Ce retard nuit gravement à la qualité de la prise en charge. Enfin, prévenir, c’est aussi mieux accompagner les personnes déjà atteintes, en reconnaissant pleinement la réalité du handicap respiratoire, souvent invisible mais lourd de conséquences. Cette reconnaissance est indispensable pour garantir une prise en charge optimale, un accompagnement adapté et une meilleure inclusion sociale.
Face aux enjeux, l’association va poursuivre et amplifier sa mobilisation au cours des prochaines années avec une ambition intacte : répondre à cette urgence collective de défendre le droit à respirer !